Je suis ce que je dis

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La globalisation actuelle nous oblige à parler deux voire trois langues pour pouvoir communiquer avec l’ensemble de nos clients et collègues. Les réseaux sociaux nous poussent dans une communication et une verbalisation permanente de (presque) tous nos faits et gestes. Twitter et ses 140 caractères nous a montré la nécessité de reformuler et trouver de nouveaux mots pour ne pas dépasser cette limite. Pour ma part, en écrivant ces articles, j’expérimente chaque semaine cette recherche des bons mots, de la meilleure manière de dire les choses pour qu’elles soient comprises et entendues comme je le souhaite. En effet une des difficultés avec le langage, c’est qu’un même mot peut être interprété de très nombreuses façons. Certains mots ont été vidés de leur sens voire en ont pris un nouveau au fil du temps. Prenez le mot “populaire” : Mélenchon et votre adolescent n’en ont pas du tout la même définition !
Et ce n’est pas tout. Nous avons chacun notre manière particulière de communiquer. Un slogan qui nous parait motivant à nous peut être perçu comme négatif par d’autres. Ajoutons à cela le jargon particulier de chaque métier, les mots vidés de leur sens de certains discours politiques… et nous comprenons toute la difficulté d’une bonne communication.

1. Le pouvoir des mots

Nous avons tous déjà expérimenté le pouvoir qu’un mot, une phrase a sur nous. Le projet de la photographe Shea Glover en est la preuve. Elle a pris des portraits avant et après avoir dit à ses modèles qu’ils était beaux. Le résultat est bluffant ! Ce pouvoir avait déjà été testé sur le vocable « parce que » en 1970. Les chercheurs ont demandé à plusieurs personnes de couper la file d’attente devant une photocopieuse en disant l’une des trois phrases suivantes : 1.  « je n’ai que 5 copies à faire, pouvez vous me laisser passer ? », 2. « je n’ai que 5 copies à faire, pouvez-vous me laissez passer, parce que je dois faire des photocopies », 3. « je n’ai que 5 copies à faire, pouvez-vous me laisser passer, parce que c’est très urgent ». Avec la première phrase, 60% des gens ont accepté, avec la deuxième 93% et avec la dernière 94%. Ainsi, même si la raison qui suit le « parce que » n’est pas une très bonne raison, rien que d’utiliser le mot augmente le taux d’acceptation ! Et ce pouvoir a été perçu encore bien avant 1970 puisqu’on en trouve la trace dans la tradition des Toltèques en Amérique du sud dont l’un des premiers principes est : que votre parole soit impeccable.
Le pouvoir des mots, c’est aussi toutes les permissions implicites qu’ils peuvent donner. Pendant ma carrière de trader, j’ai souvent entendu des mantra tels que « nous devons être agressif » ou « l’argent est la seule motivation ». De tels mantra donnent implicitement la permission de tout faire pour le profit, jusqu’à tomber dans la fraude comme ce fut le cas pour Enron. Quand le premier mantra de facebook « move fast and break things » donne la permission de faire des erreurs et crée donc une culture positive d’apprentissage, d’autres peuvent avoir des effets dévastateurs. Pensez à toutes les expressions que vous utilisez régulièrement et demandez-vous les permissions implicites qu’elles donnent.

2. Adapter son langage

Nous communiquons tous de manières différentes et surtout, en fonction de notre culture, de notre métier, certains mots nous parlerons plus que d’autres. Je me suis récemment initié au monde du jeu vidéo et j’ai découvert de toutes nouvelles significations pour les mots « quête », « expérience », « équipement » et bien d’autres. C’est pourquoi il est très important de savoir adapter les mots que nous utilisons à notre interlocuteur. J’ai récemment lu un exemple très parlant sur ce sujet. Un cabinet d’avocat décide de fusionner avec un autre pour se développer. Tout le monde est partant sauf le département de gestion des biens privés. Leur travail consiste à conserver la fortune de leur client. Aussi, le langage de croissance utilisé pour les convaincre de la fusion : de plus gros projets, plus de profits etc. ne leur parlait-il pas. Présenter la fusion comme un moyen d’attirer de nouveaux talents et donc d’assurer la continuité du cabinet, son héritage, et de préparer la prochaine génération a permis de les convaincre. Si vous rencontrez des problèmes pour engager un changement, il y a de fortes chances que ce soit en partie lié au langage que vous utilisez.
Mais ce problème d’adaptation se fait encore plus sentir quand nous communiquons avec des cultures très différentes de la nôtre. L’anglais est un langage très direct, « straight to the point », qui correspond à la culture directe de la plupart des pays occidentaux. Un Américain aura tendance à dire les choses comme elles sont. Au contraire, être direct est perçu comme impoli dans la majorité des pays asiatiques. Aussi, même si vous échangez dans la même langue, la différence de culture peut-elle entraîner de nombreuses incompréhensions.

3. Choisir les bons mots

Utiliser les bons mots, comprendre leur sens caché, adapter notre langage, tout cela ne suffit pas pour mener une communication efficace. Le ton de notre voix, sa force, et notre attitude globale joueront un rôle crucial dans la manière dont notre message sera perçu. Et ce même au téléphone ! Un sourire s’entend car il change légèrement le ton de notre voix. Et inversement, notre attitude peut jouer sur les mots que nous choisissons d’utiliser.
Autre chose à ne pas oublier, nous nous écoutons nous-mêmes ! Quand nous disons “je vais essayer”, nous entendons souvent “ce n’est pas grave si je n’y arrive pas”, ce qui n’est pas très motivant. Et quand nous disons “il faut”, nous nous dédouanons implicitement de notre responsabilité en la faisant porter sur ce fameux “il” impersonnel. Je vous encourage à plutôt privilégier le “je décide”. Notre langage est souvent rempli de ces mots “barbelés” qui font perdre de la puissance à notre communication.
Avant une réunion, renforcez votre énergie positive. Faites en sorte de supprimer tous les éléments négatifs qui pourraient inconsciemment influencer votre discours et remettez du positif à la place.
Choisir les bons mots, c’est aussi éviter toutes ces expressions qui, à force d’être utilisées, ont perdu leur sens, voire expriment maintenant leur contraire. Par exemple, la très commune « think outside the box » se retrouve tellement partout aujourd’hui qu’elle amène plus à penser que nous sommes tout au fond de la boîte plutôt qu’en dehors !

 

Une bonne communication entre les salariés est un atout majeur pour les entreprises aujourd’hui. Lors de team building, privilégiez les exercices pratiques et/ou ludiques comme les escape games, les jeux de rôle, les formation à la Communication Non Violente, les formations à la prise de parole en public etc. Et n’hésitez pas à vous faire filmer régulièrement pour entendre ces mots qui vont contribuer à renforcer votre posture et/ou votre impact.

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